Quintilien, 94 : De l'Institution de l'orateur

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Quintilien, De l’Institution de l’orateur, trad. Nicolas Gédoyn, Paris, Grégoire Dupuis, 1718, livre sixième, chapitre I, « De la Conclusion d'un Discours, Ou De la Péroraison », p. 363.

CHAPITRE PREMIER.  De la Conclusion d'un Discours, Ou De la Péroraison.

Nous en estions demeurez à la Péroraison, que quelques-uns nomment le couronnement, & les autres la conclusion du Discours. Il y en a de deux sortes. L'une consiste en choses, l'autre en sentiments. La prémiere est une répétition, ou un ramas des principales choses qui se sont dittes. C'est pourquoy les Grecs luy donnent le nom de Récapitulation, & quelques Latins celuy d'Enumération. Son usage est de rafraichir la mémoire des Juges, de leur mettre en un mesme-temps toute la cause devant les yeux, & de faire valoir en gros plusieurs preuves, qui en détail & séparées les unes des autres, n'avoient fait qu'un effet médiocre. Il est clair que cette répétition doit estre courte ; & le terme grec marque assez qu'il faut seulement parcourir les principaux chefs. En effet, si l'Orateur s'y arreste trop, ce ne sera plus une Enumération, mais un second discours qu'il fera à la suite du prémier. Les choses qui se répéteront doivent se dire avec poids. Il faut les ranimer par des sentences convenables au sujet, & en varier les tours par le moyen des figures ; rien n'estant plus odieux qu'une simple répétition, qui fait sentir aux Juges qu'on se deffie de leur mémoire.