APOSTROPHE / APOSTROPHE
DE L’APOSTROPHE.
Cette figure consiste à varier l’adresse du discours.
Exemple.
Nous travaillons, nous suons, nous employons nos plus belles années à la recherche des veritez inutiles: & nous ne considerons pas que les circonstances de l’eternité dépendent des circonstances du temps, & que si nous ne faisons rien pour le Ciel, nous ne faisons rien pour nous, De quelle negligence ne sommes-nous point coupables? & dans quel aveuglement ne sommes-nous point plongez? Il est vray, Seigneur, que nous sommes, impuissans: Que vous ne pouvez estre l’objet de nos pensées, que nous ne soyons le sujet de vos irradiations: Aussi est ce pour cette raison, que nous vous prions de nous remplir de lumiere & de chaleur, & de nous convertir de telle sorte, que l’estenduë de vostre gloire, & l’horreur de nos pechez soient les uniques motifs de nos actions, & les seules causes de nos déplaisirs.
Autre exemple.
Qu’on ne me menace plus? qu’on m’execute: le retardement de mon supplice est le retardement: de mon bonheur: frappe boureau, mon cœur est plus fort que ton fer, ma constance surpasse ta barbarie, & celuy qui me console, est au dessus de celuy qui me condamne.
Autre exemple.
Vous le sçavez, Montagne sainte, lieux Sacrez, Tombes qui avez esté les premiers Autels de nostre Religion.
Cette figure est ingenieuse, recapitulative, & excitante: Les predicateurs en usent, lors qu’ils veulent réveiller l’attention; Qu’ils sont obligez de s’excuser sur la liberté de leur examen; Qu’ils font semblant d’avoir besoin de quelque inspiration extraordinaire: qu’ils ont dessein de rafraischir la memoire, & d’attendrir le cœur.