Bary, 1660 : La Rhetorique Francoise

Définition publiée par Dylan VANOTTI

René Bary, La Rhetorique Francoise Ou L'On Trouve de nouveaux Exemples sur les Passions & sur les Figures. Ou l'On Traite à Fonds de la Matière des Genres Oratoires, Paris, Pierre le Petit, 1660, troisième partie, « De l'antonomasie », p. 461

DE L’ANTONOMASIE.

Cette figure consiste à exprimer une chose excellente par un terme articulé.

Exemple.

Le Poëte dit qu’il void le meilleur, & qu’il suit le pire.

Le philosophe soustient l’Eternité du monde.

Le Sage nous destourne de voir les femmes.

Le plus docte des Romains traite des Dieux.

Le pere de l’histoire Romaine méprise le peuple.

C’est ce que dit le Papinien François, c’est ce que prononce l’oracle de nostre coustume.

On parle en ces exemples de Virgile, d’Aristote, de Salomon, de Varron, de Tite-Liue, & de du Moulin.

Quand on dit le Theologien, on entend parler de Gregoire de Nazianze.

Quand on dit le maistre des Sentences on entend parler de Pierre Lombard, & on ne l’appelle le maistre des Sentences, que parce qu’il a compilé les resolutions des anciens Peres, & qu’il les a fait imprimer sous le tiltre de Sentences.

Quand on dit le Docteur Angelique, ou entend parler de saint Thomas.

Quand on dit le Docteur subtil on entend parler de Scot.

Quand on dit le Docteur illuminé, on entend parler de Raimond Lulle.

Quand on dit le Docteur Seraphique, on entend parler de saint Bonauenture.

Et quand dans la jurisprudence, on dit le speculateur, on entend parler de Durand.

On se sert de cette figure, lors que l’Autheur, dont on parle, est tres fameux, & que ceux devant qui l’on discourt, sont fort doctes.