Étienne Dubois de Bretteville, 1689 : L’Éloquence de la chaire et du barreau

Définition publiée par Kayirici

Étienne Dubois de Bretteville, L’Éloquence de la chaire et du barreau selon les principes les plus solides de la rhétorique sacrée et profane, Paris, Denys Thierry, 1689, p. 136-137

De la Narration.

La Narration est ce qui domine le plus dans les Plaidoyers. Car comme ils ne sont fondes que sur une infinité de faits & de circonstances particulieres, les Narrations sont necessairement l’ame de ces sortes de discours : mais comme la Narration peut être quelquefois rampante & ennuyeuse, à cause des sujets frivoles & de peu de consequence ; il faut se servir de tout l’art pour la relever, & la rendre eloquente & agreable. Comme elle est ennuyeuse, il faut la rendre la plus courte que l’on pourra, retranchant toutes les circonstances inutiles, & ne choisissant que ce qui pourra donner le plaisir de la surprise : & comme elle est rampante, on doit employer les plus vives & les plus sublimes Figures de l’Eloquence, pour donner un tour extraordinaire aux faits que l’on raconte. Telle est cette Narration de la malheureuse aventure d’un homme qui avoit tué son beau-pere sans aucun méchant dessein.