Étienne Dubois de Bretteville, 1689 : L’Éloquence de la chaire et du barreau

Définition publiée par Kayirici

Étienne Dubois de Bretteville, L’Éloquence de la chaire et du barreau selon les principes les plus solides de la rhétorique sacrée et profane, Paris, Denys Thierry, 1689, p. 284-285

De la Figure nommée Optatio

Il y a une Figure fort touchante qu’on a appellée en Latin Optatio, & à laquelle on n’a point donné de nom en nôtre langue. C’est par elle que l’Orateur fait paroître tout à coup un desir vehement pour le bien de ceux à qui il parle, ou de qui il parle.

Qui donnera à mes yeux des torrens de larmes pour pleurer nuit & jour ? &c.

Qui me donnera les aîles de la colombe pour m’élever vers le Ciel, & pour y joüir d’un veritable repos ? &c.

Qui me donnera une retraite dans la solitude, & j’abandonneray ce peuple rebelle ? &c.

« Ah ! plût au Ciel qu’un vent favorable à la posterité eût renversé cet arbre fatal qui fut l’occasion du crime de nos premiers parens ! Plût à Dieu qu’une épaisse nuée eût obscurcy [p. 285] les yeux de la premiere femme, pour l’empêcher de voir un fruit si funeste ! Plût à Dieu que quelque noire vapeur luy eût derobé la veuë de ce fruit ! Plût à Dieu que la main qui le toucha, eût été sans mouvement ! &c. »

L’on exprime ordinairement cette figure par ces paroles : Plaise au Seigneur, &c. Fasse le Ciel, &c. Plaise au Dieu Tout-puissant ! &c. Puissiés vous obtenir le pardon de vos crimes ! &c.