Joseph Victor Le Clerc, 1837 : nouvelle Rhétorique, extraite des meilleurs écrivains anciens et modernes

Définition publiée par Corinne Denoyelle

Joseph-Victor Le Clerc, Nouvelle Rhétorique, extraite des meilleurs écrivains anciens et modernes, suivie d'Observations sur les matières de composition dans les classes de rhétorique, et d’une Série de Questions à l’usage de ceux qui se préparent aux Examens dans les Collèges royaux et à la Faculté des Lettres, Bruxelles, Société belge de librairie, etc., Hauman, Cattoir et comp°, 1837 (1ère éd. 1823), p. 262

Définition publiée par CD, le 10 février 2017

La litote ou diminution, qui peut être regardée comme une autre espèce d’hyperbole, dit moins pour faire entendre plus. Ce tour, pris à la lettre, paraît affaiblir la pensée; mais les idées accessoires en font sentir toute la force. Quand Chimène dit à Rodrigue (Cid, III, 4): Va, je ne te hais point, elle lui fait entendre bien plus que ces mots-là ne veulent dire. Horace (Od., I, 28, 14) désigne Pythagore [p. 263] par ces mots, non sordidus auctor naturoe verique; Virgile (Eclog., II, 25) fait dire à Corydon, Nec sum adeo informis: ce sont deux exemples de la litote; le premier fait entendre clairement que Pythagore est un philosophe de la plus grande autorité; et le second, que c’est par une espèce de pudeur que Corydon ne dit par affirmativement ce qu’il pense de sa beauté. Ainsi cette figure est quelquefois l’expression de la fausse modestie.

Quand la litote veut réellement dire moins, c’est alors l’exténuation; comme si l’on n’appelait que sévère celui qui est cruel, économe celui qui est avare, ou si l’on donnait à un crime énorme le nom de faute légère, à une méchanceté atroce celui de fragilité pardonnable, etc. C’est donc cette figure, et non la litote, qui est opposée à l’hyperbole; ôtez à l’une, ajoutez à l’autre, vous aurez la vérité.