SUSPENSIO / SUSPENSION
Définitions
94 : Quintilien
Quintilien, De l’Institution de l’orateur, trad. Nicolas Gédoyn, Paris, Grégoire Dupuis, 1718, livre neuvième, chap. II, « Des Figures du Sens », p. 576-577.
1665 : Richesource
Jean Oudart de Richesource, L’Éloquence de la chaire ou la Rhétorique des prédicateurs (1665), Paris, à l’académie des orateurs, 1673, p. 323-324.
1671 : Le Gras
Le Gras, La Rhetorique Françoise ou les preceptes de l'ancienne et vraye eloquence accomodez à l'usage des conversations & de la Societé civile : Du Barreau : Et de la Chaire, Paris, A. de Rafflé, 1671, Troisième partie de la Rethorique, « De l'Elocution », chap. IV, « Des Figures de Sentences », p. 203.
1689 : Étienne Dubois de Bretteville
Étienne Dubois de Bretteville, L’Éloquence de la chaire et du barreau selon les principes les plus solides de la rhétorique sacrée et profane, Paris, Denys Thierry, 1689, p. 276
1710 : Joseph de Jouvancy
Joseph de Jouvancy, L’Élève de rhétorique (Candidatus rhetoricae, 1e éd. 1710, 1e trad. 1892), édité par les équipes RARE et STIH sous la direction de D. Denis et Fr. Goyet, Paris, Classiques Garnier, 2019, troisième partie, "De l'élocution", chap. II, "Des figures", art. II, "Des Figures de Pensées", "La Suspension", p. 216-219.
1712 : Bernard Lamy
Bernard Lamy, La Rhétorique ou l’Art de parler (5ème éd., 1712), éd. Ch. Noille-Clauzade (1998), Paris, Florentin Delaulne, 1715, p. 159-160.
1765 : Jean-Baptiste Crevier
Jean-Baptiste Crevier, Rhétorique française (1765), Paris, Saillant, 1767, 2 tomes, t. II, p. 237-241.
1872 : Colonia
Dominique De Colonia, De Arte rhetorica libri quinque, Lyon, apud Briday Bibliopolam, 1872, Liber Primus, chap. I, art. I, "De Figuris sententiarum", § III, "De Figuris ad docendum idoneis", II., "De Sustentatione", p 85
Dictionnaires et encyclopédies
CN. voir Sustentatio
Furetière
Action par laquelle on empêche pour quelque temps l’effet ou le cours de quelque chose. La suspension d’un jugement est requise à un bon Juge, jusqu’à ce qu’il ait ouy les deux parties. Le principal point de la Philosophie de Descartes, est la suspension d’esprit, la fuite de la prevention.
On dit aussi une suspension d’armes, d’une treve courte et particuliere que font deux partis pour enterrer les morts, pour attendre des nouvelles d’un secours, ou des ordres de leurs maistres.
Encyclopédie
Figure de rhétorique par laquelle l’orateur commence son discours de maniere que l’auditeur n’en prévoit pas la conclusion, & que l’attente de quelque chose de grand excite son attention & pique sa curiosité. Telle est cette pensée de Brebeuf dans ses entretiens solitaires. Il s’adresse à Dieu :
Les ombres de la nuit à la clarté du jour,
Les transports de la rage aux douceurs de l’amour,
A l’étroite amitié la discorde & l’envie,
Le plus bruyant orage au calme le plus doux,
La douleur au plaisir, le trépas à la vie,
Sont bien moins opposés que le pécheur à vous.
Autre sorte de suspension :
Vel pater omnipotens adigat me fulmine ad umbras,
Pallentes umbras erebi, noctemque profundam,
Ante pudor quam te violo, aut tua jura resolvo.
Didon s’arrête à la fin du premier vers ; elle fortifie son serment, elle s’effraye elle-même par des spectres, afin de s’encourager à tenir son serment.
Voici une même suspension dans des vers qui ne le cedent point en beauté à ceux de Virgile ; c’est Clitemnestre qui s’adresse à Oreste qui avoit demandé en mourant que sa cendre fût déposée à côté de celle d’Agamemnon son pere ; elle lui dit :
tu veux donc
Que je descende au fond de ces grands monumens,
Où la nuit du trépas, cette nuit immobile,
De l’ombre de ton pere est l’éternel azile.
Littré
Terme de grammaire. Sens interrompu, inachevé. La suspension se marque par une suite de points.
Figure de style qui consiste à tenir les auditeurs en suspens.
La suspension, qui consiste à faire attendre une pensée qui surprend. [Dumars. Œuvr. t. v, p. 286]