SYNERESIS / SYNÉRÈSE
Définitions
Dictionnaires et encyclopédies
Encyclopédie
[Beauzée]
[Synérese ou Synecphonèse]
C’est une figure de diction, par laquelle on se débarrasse d’une syllabe, sans rien retrancher des élemens du mot ; ce qui se fait en prononçant, d’un seul coup de voix, deux sons consécutifs qui, dans l’usage ordinaire, se prononcent en deux coups. C’est ainsi que l’on trouve aureis en deux syllabes longues, à la fin d’un vers hexametre ; dependent lychni laquearibus aureis : (Virg.) suadet pour suadet ; suadet enim vesana fames. (id.), &c. Voyez la méthode latine de P. R. Traité de la poésie latine, ch. iij. §. 5.
Les anciens grammairiens donnoient à cette figure le nom de synecphonese, lorsque l’une des deux voyelles étoit entierement supprimée dans la prononciation, & qu’elles faisoient une fausse diphtongue ; comme dans alvearia, si, pour le prononcer en quatre syllabes, on dit alvaria, de même que nous disons Jan au lieu Jean. Au contraire, ils l’appelloient synérese, lorsque les deux sons étoient conservés & fondus en une diphtongue vraie, comme dans cui, si nous le prononçons de même que notre mot françois lui.
Mais comme nous ne sommes plus en état de juger de la vraie prononciation du latin, ni de discerner entre leurs vraies & leurs fausses diphtongues, & que ces termes sont absolument propres à leur prosodie ; nous ferons mieux de les regarder comme synonymes par rapport à nous.
Synecphonese vient de σὺν, cùm, & du verbe ἐκφωνέω, enuncio ; comme pour dire, duorum simul sonorum enunciatio.
Synérese vient aussi de σὺν, cùm, & du verbe αἱρέω, capio ; comme si l’on vouloit dire, duorum sonorum complexio.
Littré
Terme de grammaire. Sorte de métaplasme qui consiste en une contraction ; d’où résulte une diminution dans le nombre de syllabes que le mot devrait avoir ; exemples : diamant en deux syllabes, et en latin Or-pheus au lieu de Or-phe-us. Piron fait le mot poëte d’une seule syllabe : Aussi me traitent-ils de poëte à la douzaine, Métrom. II, 4 ;
Songe donc qu’elle [la barque] porte un poëte et sa fortune, Métrom. IV, 1.
Ce sont des synérèses.