APOSTROPHE / APOSTROPHE
Définitions
94 : Quintilien
Quintilien, De l’Institution de l’orateur, trad. Nicolas Gédoyn, Paris, Grégoire Dupuis, 1718, livre quatrième, chapitre I, « De la Narration. », p. 254 ; livre neuvième, chap. II, « Des Figures du Sens », p. 580-581.
1660 : Bary
René Bary, La Rhetorique Francoise Ou L'On Trouve de nouveaux Exemples sur les Passions & sur les Figures. Ou l'On Traite à Fonds de la Matière des Genres Oratoires, Paris, Pierre le Petit, 1660, troisième partie, « De l'apostrophe », p. 470
1665 : Richesource
Jean Oudart de Richesource, L’Éloquence de la chaire ou la Rhétorique des prédicateurs (1665), Paris, à l’académie des orateurs, 1673, p. 306-308.
1671 : Le Gras
Le Gras, La Rhetorique Françoise ou les preceptes de l'ancienne et vraye eloquence accomodez à l'usage des conversations & de la Societé civile : Du Barreau : Et de la Chaire, Paris, A. de Rafflé, 1671, Troisième partie de la Rethorique, « De l'Elocution », chap. IV, « Des Figures de Sentences », p. 205.
1689 : Étienne Dubois de Bretteville
Étienne Dubois de Bretteville, L’Éloquence de la chaire et du barreau selon les principes les plus solides de la rhétorique sacrée et profane, Paris, Denys Thierry, 1689, p.209-211
1689 : Étienne Dubois de Bretteville
Étienne Dubois de Bretteville, L’Éloquence de la chaire et du barreau selon les principes les plus solides de la rhétorique sacrée et profane, Paris, Denys Thierry, 1689, p. 209, 211
1710 : Joseph de Jouvancy
Joseph de Jouvancy, L’Élève de rhétorique (Candidatus rhetoricae, 1e éd. 1710, 1e trad. 1892), édité par les équipes RARE et STIH sous la direction de D. Denis et Fr. Goyet, Paris, Classiques Garnier, 2019, troisième partie, "De l'élocution", chap. II, "Des figures", art. II, "Des Figures de Pensées", "L'Apostrophe", p. 184-187.
1712 : Bernard Lamy
Bernard Lamy, La Rhétorique ou l’Art de parler (5ème éd., 1712), éd. Ch. Noille-Clauzade (1998), Paris, Florentin Delaulne, 1715, p. 164-165.
1765 : Jean-Baptiste Crevier
Jean-Baptiste Crevier, Rhétorique française (1765), Paris, Saillant, 1767, 2 tomes, t. II, p. 158-166.
1837 : Joseph Victor Le Clerc
Joseph-Victor Le Clerc, Nouvelle Rhétorique, extraite des meilleurs écrivains anciens et modernes, suivie d'Observations sur les matières de composition dans les classes de rhétorique, et d’une Série de Questions à l’usage de ceux qui se préparent aux Examens dans les Collèges royaux et à la Faculté des Lettres, Bruxelles, Société belge de librairie, etc., Hauman, Cattoir et comp°, 1837 (1ère éd. 1823), p.246.
1837 : Joseph Victor Le Clerc
Joseph-Victor Le Clerc, Nouvelle Rhétorique, extraite des meilleurs écrivains anciens et modernes, suivie d'Observations sur les matières de composition dans les classes de rhétorique, et d’une Série de Questions à l’usage de ceux qui se préparent aux Examens dans les Collèges royaux et à la Faculté des Lettres, Bruxelles, Société belge de librairie, etc., Hauman, Cattoir et comp°, 1837 (1ère éd. 1823), p. 246
1872 : Colonia
Dominique De Colonia, De Arte rhetorica libri quinque, Lyon, apud Briday Bibliopolam, 1872, Liber Primus, chap. I, art. I, "De Figuris sententiarum", § II., "De figuris ad delectandum magis idoneis" I., "De Apostrophe", p 79-80
Dictionnaires et encyclopédies
Furetière
Est aussi une figure de Rethorique, par laquelle l’Orateur adresse sa parole à ses auditeurs, ou à sa partie même, à d’illustres morts, et encore à des choses inanimées, comme à des tombeaux, et autres monuments.
Encyclopédie
[Jaucourt, Rhétorique]
Nous avons un exemple bien placé de cette figure dans un procès, entre le sieur de Lalande, & le sieur de Villiers & son épouse, plaidé en 1705 à la grand’chambre du parlement de Paris ; où l’avocat de ces derniers opposoit l’inégalité des biens. M. de Blaru qui plaidoit pour le sieur de Lalande, ayant dit que le sieur de Lalande offroit de donner à sa fille autant de biens que le sieur de Villiers & la dame sa femme en donneroient à leur fils, il apperçut en même-tems la dame de Villiers qui étoit à l’audience :
Entendez-vous, lui dit il, madame, l’offre que je vous fais, je suis prêt à la réaliser.
Il éleva encore sa voix, & répéta la même apostrophe ; & comme la dame de Villiers n’y répondit rien, il ajouta :
Je vois bien que la nature est sourde, & je tire du silence de la dame de Villiers l’avantage de conclure, que s’il y a quelque inégalité de biens à opposer, le sieur de Villiers pere n’est pas en droit de se servir de ce moyen, & que c’est le sieur de Lalande qui pourroit l’employer.
Cette figure de rhétorique qu’employa M. de Blaru, & la conséquence qu’il tira du silence de cette dame lui firent d’autant plus d’honneur, qu’il gagna sa cause.
[Mallet, Belles-Lettres]
Figure de Rhétorique dans laquelle l’orateur interrompt le discours qu’il tenoit à l’auditoire, pour s’adresser directement & nommément à quelque personne, soit aux dieux, soit aux hommes, aux vivans ou aux morts, ou à quelqu’être, même aux choses inanimées, ou à des êtres métaphysiques, & qu’on est en usage de personnifier.
De ce dernier genre est ce trait de M. Bossuet dans son Oraison funebre de la duchesse d’Orléans :
Hélas, nous ne pouvons arrêter un moment les yeux sur la gloire de la Princesse, sans que la mort s’y mêle aussitôt pour tout offusquer de son ombre ! O mort, éloigne-toi de notre pensée, & laisse-nous tromper pour un moment la violence de notre douleur par le souvenir de notre joie.
Cicéron dans l’Oraison pour Milon, s’adresse aux citoyens illustres qui avoient répandu leur sang pour la patrie, & les intéresse à la défense d’un homme qui en avoit tué l’ennemi dans la personne de Clodius. Dans la même piece il apostrophe les tombeaux, les autels, les bois sacrés du mont Albain.
Vos Albani tumuli atque luci, &c.
Enée dans un récit remarque, que si on avoit été attentif à un certain évenement, Troie n’auroit pas été prise.
Trojaque nunc stares, Priamique arx alta maneres. [æneid. II.]
L’apostrophe fait sentir toute la tendresse d’un bon citoyen pour sa patrie.
Celle que Démosthene adresse aux Grecs tués à la bataille de Marathon, est célebre ; le cardinal du Perron a dit qu’elle fit autant d’honneur à cet Orateur, que s’il eût ressuscité ces guerriers. On regarde aussi comme un des plus beaux endroits de Cicéron, celle qu’il adresse à Tubéron dans l’Oraison pour Ligarius :
Quid enim. Tubero, tuus ille districtus in acie Pharsalica gladius agebat ? &c.
Cette apostrophe est remarquable, & par la vivacité du discours, & par l’émotion qu’elle produisit dans l’ame de César.
Au reste il en est de l’apostrophe comme des autres figures. Pour plaire elle doit n’être pas prodiguée à tout propos. L’auditeur souffriroit impatiemment qu’on le perdît incessamment de vûe, pour ne s’adresser qu’à des êtres qu’il suppose toûjours moins intéressés que lui au discours de l’orateur.
Le mot apostrophe est Grec, ἀποστροφὴ, aversio, formé d’ἀπὸ, ab, & de στρέφω, verto, je tourne ; quia orator ab auditore convertit sermonem ad aliam personam.
Littré
Terme de rhétorique. Figure par laquelle l’orateur, s’interrompant tout à coup, adresse la parole à quelqu’un ou à quelque chose.