Aristote, 1718 : Rhétorique

Définition publiée par Génin

Aristote, Rhétorique, trad. François Cassandre, 1re éd. 1654, La Haye, Isaac Vaillant, 1718, livre second, chap. XXIII, « Lieux pour les Enthymèmes véritables et qui prouvent », p. 317-318.

Définition publiée par Élie Génin, le 16 juillet 2021

LIVRE SECOND

[...]

Chapitre XXIII. Lieux pour les Enthymèmes véritables et qui prouvent.

[...]

VI.

Un autre Lieu est d’Avoir égard au Temps,

C’est ainsi qu’Iphicrate en use dans l’Oraison contre Harmodios.

Quoi, Messieurs, dit-il aux Athéniens, s’il est vrai que la Statue que je demande aujourd’hui que vous m’érigiez, est une récompense si juste, que vous n’eussiez fait aucune difficulté de me l’accorder si je vous l’avais demandée avant que d’entreprendre ce que j’ai fait; Quoi, à présent que l’action a réussi et que je vous en fais la prière, il sera dit que vous me refuserez? Certes, Messieurs, si cela est, Jamais ne promettez rien ayant à espérer quelque faveur, si en même temps que vous l’aurez reçue, vous ne faites état de tenir parole, et d’exécuter ce que vous aurez promis.

Un autre exemple de ceci est, quand Philippe de Macédoine demanda passage aux Thébains par leurs terres pour entrer dans l’Attique; car afin de l’obtenir on se servit de ce raisonnement,

Que si ce que demande le Roi à Messieurs de Thébes est une chose si juste, qu’elle lui eût été accordée sans difficulté; si, dans le temps qu’ils avaient besoin de son secours [p. 318] contre les Phociens, il se fût avisé de la demander; Ne serait-il pas étrange et ridicule à présent, à cause qu’en ce temps-là il a négligé de la demander, et qu’il s’est fié à eux; pour cela qu’ils voulussent aujourd’hui la lui refuser?