Voicy un exemple du Temps. Si vous consideriez de bonne heure que vous étes mortels, & qu’après avoir demeuré quelque temps en vie, il vous la faudra quitter comme un songe, vous seriez beaucoup plus sages, & n’auriez pas tant de peine à mourir. Mais maintenant qu’il vous semble que le present durera toûjours, lors que la mort arrive vous n’étes pas consolables. Songez donq à vivre desormais, comme des gens qui doivent mourir. O foux que vous étes ! Pourquoy courez-vous sans cesse apres les vanitez ? Vous ne durerez pas éternellement. De tout ce que vous admirez il n’y a rien d’immortel, ni qui vous doive accompagner apres cette vie. Il faut que cet Ambitieux quitte sa dignité, cet Vsurier ses tresors, & ce Voluptueux ses débauches.