Jacques Du Roure, 1662 : La Rhétorique françoise

Définition publiée par Leïla Perrier

Jacques Du Roure, La Rhétorique française nécessaire à tous ceux qui veulent parler, ou écrire comme il faut et faire ou juger : des discours familiers, des lettres, des harangues, des plaidoyers, et des prédications, Paris, chez l’Auteur, 1662, Quatrième partie, p. 78-79.

Définition publiée par Leïla Perrier, le 03 juillet 2022

         Touchant les discours que le Genre Demonstratif contient, & que la langue Gréque & la langue Latine peuvent presque seules nommer, il faut savoir que les assemblées ont donné occasion aux Panegyriques, les mariages aux Oraisons Nuptiales & aux Epithalames, la naissance & la mort aux Oraisons Genethliaques & funebres, les voyages aux discours Epitactiques, Epibateriens, Propemptiques ; enfin le bien & le mal aux témoignages que l’on donne de Reconnoissance, de Ioye, ou de Deplaisir. Les Grecs ont proprement appellé Panégyriques, les discours qu’ils faisoient dans les Ieux publics, par exemple dans les jeux Olympiques, où selon Menandre & Denys d’Halycarnasse, on louoit premierement la Divinité qui en étoit la protectrice, comme Iupiter, Apollon, ou Cybele ; puis le pays & la ville où on les celebroit, le genre du combat, le prix des victorieux, & le magistrat qui le donnoit. La conclusion étoit tirée du bonheur que l’Orateur témoignoit desirer à toute l’assemblée, & de l’exhortation qu’il luy faisoit, pour imiter la vertu des Athletes, & pour se souvenir d’un iour si glorieux. Les siecles suivans ont changé la signification de ce nom, & l’ont attribuée à toute sorte de discours fait dans [p. 79] quelque grande assemblée & à la louange des grands hommes, soit pour leur rendre graces, ou pour leur faire quelque demande, ou pour quelque autre suiet. Les preceptes de ces Panegyriques sont les mémes que ceux du Genre Demonstratif. Pour les exemples, on les voit dans le jeune Pline & dans les autres Panegyristes Grecs & Latins. A ces discours sont semblables premierement ceux que l’on fait à la Reception d’un Gouverneur de Province, auquel on témoigne principalement la ioye, l’esperance & l’obeyssance des peuples : secondement ceux que l’on prononce à la Création & à l’Election des Magistrats ; voyez en un exemple dans les Harangues du Maître.