Quintilien, 94 : De l’Institution de l’orateur

Définition publiée par Emma Fanti

Quintilien, De l’Institution de l’orateur, trad. Nicolas Gédoyn, Paris, Grégoire Dupuis, 1718, livre troisième, chapitre VI, « Ce que c'est que l'estat de la Cause ; d'où il se prend ; si c'est le Demandeur ou le Deffendeur qui l'establit : Combien il y en a, & quels ils sont. », p. 169.

Quintilien, De l’Institution de l’orateur, trad. Nicolas Gédoyn, Paris, Grégoire Dupuis, 1718, livre sixième, chapitre III, « Du Rire. », p. 395-396.

LIVRE TROISIÈME

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CHAPITRE VI.

Ce que c'est que l'estat de la Cause ; d'où il se prend ; si c'est le Demandeur ou le Deffendeur qui l'establit : Combien il y en a, & quels ils sont.

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De sçavoir maintenant combien il y a de sortes d'estats, leurs noms, leurs différences, c'est ce qui n'est pas aisé : car on diroit que les auteurs qui ne sont jamais d'accord sur rien, ont affecté icy de s'expliquer tous différemment les uns des autres. [...] La relation, d'où se tirent les questions de compétence & de comparaison.

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LIVRE SIXIÈME

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CHAPITRE III. Du Rire.

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Les récits donnent sur tout un beau champ à l'éloquence & à l'addresse de l'Orateur, parce qu'il y feint telles circonstances qu'il luy plaist. Il n'y a qu'à se souvenir de celuy que fait Cicéron de Cépasius & de Fabritius dans son Oraison pour Cluentius ; & de la maniere dont. M. Celius raconte la dispute que Lélius & son Collegue eurent ensemble, causée par l'impatience qu'ils avoient l'un & l'autre de se rendre à leur département.

Mais ces récits demandent beaucoup de graces & de gentillesse, particulierement dans ce que l'Orateur y met du sien. Voicy, par exemple, comme Cicéron tourne la fuitte de Fabritius. "Ce grand Orateur (il parle de Cépasius qui avoit entrepris la deffense de Fabritius,) ce grand Orateur croyant dire des merveilles, & s'applaudissant de l'heureux effort qu'il avoit fait pour trouver ces paroles, Regardez, Messieurs, ce que c'est que la fortune des hommes, regardez les divers accidents auxquels ils sont [p. 396 ; VI, 3] exposez, regardez la vieillesse du malheureux Fabritius. Après avoir bien repeté ce regardez, qu'il trouvoit sans doute fort beau, il s'avisa de regarder luy-mesme, mais Fabritius n'y estoit plus, & tenant sa Cause pour perduë, il s'estoit retiré de l'Audience, sans que personne s'en fust apperçu, &c." Voilà ce que j'appelle orner un récit ; car de tout cela il n'y avoit rien de vray, sinon que Fabritius estoit sorti de l'Audience.